Histoire de Villette-sur-Ain
Située en Bresse, Villette fit jadis partie du royaume de Bourgogne en 879, avant de passer sous la suzeraineté des empereurs germaniques, puis de la maison de Savoie au XIIIe siècle, pour être définitivement réunie au royaume de France en 1601.
Son appartenance à une région frontière longtemps convoitée explique les importantes défenses dont Villette fut dotée : un château-fort, celui de Richemont, restauré au XIXe siècle et flanqué de quatre maisons-fortes : Gravagneux, Monjaillon, La Moutonnière et Le Vernay.
A la veille de la Révolution, deux paroisses ayant vécu de manière autonome fusionnent : Villette de Richemont (le plateau et ses entailles vallonnées) et Villette de Loyes davantage centrée sur la Côtière.
Compte tenu du site du village s’étendant sur le plateau, la côtière et la plaine de l’Ain, la plupart des habitants pouvaient ainsi compléter les cultures effectuées sur le plateau par le revenu tiré de quelques hectares de forêts, exploiter quelques petites parcelles de vigne sur la côtière et faire pâturer les troupeaux dans la zone inondable des brotteaux. Ce type d’utilisation agricole avec la mise en valeur de terroirs complémentaires correspondait à une polyculture effectuée par des petits propriétaires ayant des relations de dépendance avec les seigneuries voisines.
Les terrains ingrats permettaient à une population relativement nombreuse de vivre pauvrement comme le montrent les recensements effectués par les intendants de Colbert. En 1665, soucieux de connaître l’état des communes du royaume, Colbert envoie un questionnaire très précis dans les différentes paroisses. Les réponses sont éloquentes :
C’est un pays de broussailles et de monticules qui se sème la plus grande partie de seigle et d’avoine. Il y a quelques vignes dont le vin est fort chétif. Il n’y a que deux chétifs brotteaux. Les habitants sont censés pauvres.
Néanmoins, ce rapport mentionne 150 communiants à Villette de Loyes et 100 à Villette de Richement.
A la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, le nombre d’habitants a été très fluctuant. Sans doute faut-il voire dans ces fluctuations les effets des guerres et les pillages par les armées stationnées à Villette et mentionnées dans le recensement de Colbert :
Les habitants sont pauvres et ont été ruinés par les gens de guerre qui y ont été établis en quartier d’hiver.
La population est réduite de moitié entre 1654 et 1670 et divisée par trois entre 1709 et 1720.
En revanche, au XIXe siècle la population a été beaucoup plus stable même si les guerres de l’Empire sont sans doute la cause de la baisse enregistrée autour de 1820. On retrouve deux maxima démographique (fig. n°1), l’un sous le second Empire et l’autre à la fin du XXe siècle. La culture vivrière persiste jusqu’à la fin du XIXe siècle. En revanche, à partir des années 1880 jusqu’en 1968, la baisse de la population est continue. La crise du phylloxéra, les méfaits de la Grande Guerre (seulement 4 mariages entre 1914 et 1918) et la crise agricole du XXe siècle en sont sans doute les causes.
La stabilité démographique est confortée par l’appartenance des jeunes mariés à la Côtière où ils se marient et s’installent.
G.Chabot
Une première mutation territoriale apparaît avec la permanence de la fonction agricole en Dombes et l’ouverture de la Plaine de l’Ain aux activités nouvelles.
Le poids de l’agglomération lyonnaise, la déprise agricole et la démocratisation de la voiture imposent une véritable mutation territoriale qui s’inscrit dans le phénomène de la périurbanisation fortement liée aux voies de communication. L’axe de communication que constitue la plaine de l’Ain, emprunté par l’A 42, a permis l’installation de nombreuses entreprises liées à la dynamique de l’agglomération lyonnaise dont l’influence est très nette sur la commune à travers deux manifestations de la périurbanisation :
- sur le plateau, mais aussi, dans une certaine mesure, le long de la rivière d’Ain, l’agglomération marque sa présence par un besoin de loisir et de récréation. Le caractère « naturel » des espaces et la richesse de la flore et de la faune attire les citadins avides d’espace et de nature tandis que la fonction agricole reste importante non sans poser des problèmes en raison de la fragilité et de l’écosystème dombiste.
- La côtière et la partie de la commune située autour du village sont marquées par l’installation progressive de nombreuses résidences attirées par le caractère pittoresque et la beauté du site.