Une église paroissiale et prieurale
L’église Saint-Martin est une église paroissiale et prieurale. Elle est mentionnée au IXème siècle comme dépendante de l’abbaye de Nantua, appartenant ainsi au grand ensemble clunysien. Elle a subi de nombreuses transformations à travers les siècles. Elle garde ainsi le témoignage de différentes expressions successives du culte et de la religion. Les richesses architecturales de l’église ont été mises à jour récemment grâce à la mobilisation des maires de Villette/Ain, Roger PERRET puis Jean-Pierre HUMBERT, et à l’appui scientifique de l’archéologue Laurence Hamonière.
L’harmonieux mélange de différentes époques et de différents styles architecturaux confèrent à l’église de Villette la richesse d’un édifice dont le passé et la vocation n’ont pas disparu l’archéologue.
Laurence Hamonière
Un site d’origine antique
Les fouilles archéologiques effectuées en 1995 ont apporté la preuve de l’origine antique du site de cette église : La découverte de céramiques et de monnaies gauloises, romaines et médiévales permettent de penser que l’église a été bâtie sur un emplacement déjà occupé. S’agit-il d’un édifice d’où serait issue la colonne monumentale cannelée et tronquée pour être réintégrée dans l’édifice roman ?
L’abside polygonale gothique actuelle a agrandi l’ancienne abside romane datée du XIème siècle. Néanmoins, l’agrandissement gothique est limité par l’exiguïté topographique du site de l’église. Cette fragilité sera encore déplorée au XIXème siècle, au moment de la construction de la route impériale (R.N. 84). La municipalité de Villette attribue alors aux services de l’Etat les fissures apparues dans l’édifice (la Municipalité a perdu le procès).
Les réparations effectuées au fil des ans
Tout au long du XIXème siècle, des textes mentionnent le mauvais état de l’église et la nécessité d’entreprendre des réparations alors que la population de Villette atteint son maximum démographique (752 habitants en 1856 contre 287 en 1968 et un peu plus de 500 à l’heure actuelle). C’est la période où les églises atteignent leur maximum de fréquentation. Les Municipalités successives entreprennent alors : la construction des chapelles latérales sud et de la voûte (1849) pour remplacer le plafond, très délabré, sur la nef, la consolidation du clocher pour supporter la nouvelle cloche, le transfert du cimetière qui entourait l’église vers la route.
Une richesse architecturale
Quels sont les éléments architecturaux les plus intéressants de l’église ?
Un chœur à arcatures latérales portant une voûte en berceau
Ce type de chœur, analogue à celui des églises de St André-sur-Vieux-Jonc et Rigneux-le-Franc est considéré comme la forme régionale la plus ancienne. Sa présence s’explique par la volonté d’utiliser les colonnes antiques. Celles-ci ont été encastrées dans le mur, prolongées par des blocs reproduisant les mêmes cannelures et surmontées par des chapiteaux décorés différemment.
Les colonnes antiques
Il s’agit de deux fûts circulaires issues originellement une seule et même colonne. Le tronçon encastré dans le mur nord fait 1,26 m de haut et celui du sud 1,36 m. La colonne initiale appartenait vraisemblablement à l’élément d’un portique dont la partie supérieure, galbée, constitue la colonne encastrée dans le mur sud. Les deux chapiteaux qui surmontent les colonnes ne sont pas identiques : la sculpture se déroulait sur tout le chapiteau nord (décor végétal délimité par un cordon tressé). Le décor du chapiteau sud se concentre dans les angles de la corbeille. Le chapiteau Nord est contemporain de la construction de l’édifice roman et de l’arcature. En revanche, le chapiteau sud a pu être utilisé, avec la colonne qui l’accompagne, dans un édifice antérieur.
Le clocher
Le clocher, quadrangulaire, a été détruit à la révolution et reconstruit ensuite avec une nouvelle cloche dont la marraine est Madame de la Teyssonnière.
Le porche
Le porche ou galonnière est une caractéristique de nombreuses églises romanes de la région.
Les chapelles latérales
Les chapelles latérales(côté nord) sont d’origine gothique. Elles ont été construites par les seigneurs de Villette pour y être enterrés :
- La chapelle la plus proche du chœur, la chapelle de Sainte Catherine et Saint Jean-Baptiste est dédiée au Rosaire, elle a été construite au XIVème siècle par les seigneurs de Bronna (Gravagneux). Elle a sans doute été fortement remaniée au XIXème siècle.
- La chapelle Saint-Antoine, de même facture que l’abside, date du XVème siècle (clés de voûte et culots des colonnes).
- La chapelle Notre-Dame de Pitié, accolée à la chapelle Saint-Antoine, a été construite au XVIème siècle par les Grammont, seigneurs de la Moutonnière, dont le blason orne la clef de voûte. Des peintures murales, datant du XVIème siècle, ont été restaurées en 1992.
Piscines, bénitiers et placards
Piscines, bénitiers et placards s’ouvrent harmonieusement dans les différents murs. Certaines niches ont conservé des traces de gonds. Le bénitier et les fonts baptismaux, en pierre, l’un hexagonal, l’autre rectangulaire, sont d’époque gothique.
Des éléments de décors tout à fait originaux
- Les boiseries du chœur datent du XVIIème siècle, elles recouvraient les colonnes gallo-romaines.
- La partie haute du maître autel, datant du XVIIème siècle, est en bois entièrement doré à la feuille. Il a été très endommagé et repeint en faux marbre. Il repose sur un autel en bois, peint en faux marbre, identique à ceux qui se trouvent dans les chapelles latérales.
- une Pietà en pierre polychrome du XVIème siècle et la statue d’un saint moine datant de la même époque.
Les talents du peintre Jean SCOHY
Au moment de sa restauration au XIXème siècle, l’église a profité des talents du peintre lyonnais, Jean SCOHY (1824-1897) qui a été maire de Villette en 1870.
On peut remarquer l’adoration du Saint Sacrement (1878) sur l’arc triomphal à l’entrée du chœur ; l’Ascension, l’Assomption, les tables de la Loi , l’Évangile de Jean sur les voûtes de la base du clocher. Quatre cadres en bois, dans le choeur, sont garnis de peintures de Scohy : l’Annonciation, la Nativité, la Samaritaine, L’apparition du Christ à Marie Madeleine.
Dans la chapelle dédiée à Saint-Antoine une toile de Scohy datée de 1860 représente Saint-Antoine priant dans le désert. Ce saint, luttant contre les tentations (symbolisées par le cochon), est aussi un saint guérisseur. Il était très invoqué par les paysans, souvent en proie au » mal des ardents » dû à l’ergot de seigle.
Dans la chapelle Notre-Dame de Pitié, le tableau, signé J.Scohy, date de 1866. Il représente une déposition de croix.
https://www.villette-sur-ain.fr/histoire-et-patrimoine/histoire-de-villette-sur-ain-2/2500-2/
L’église Saint-Martin de Villette-sur-Ain sera ouverte tous les dimanches de 17h. à 19 h pendant les mois de juillet et août .
Visites guidées possibles